vendredi 23 octobre 2009

L'innocence perdue...


Je suis essouflé. Et vous ? Je n'arrive plus à suivre le fil des événements concernant le financement douteux des partis politiques et et les histoires de collusions dans les soumissions aux appels d'offres. Le monde municipal québécois est ébranlé et la décision du gouvernement Charest de faire la lumière sur ces événements et de renforcer la loi électorale ne peuvent fournir les réponses que les Québécois attendent.

Afin de mettre en perspective l'avalanche de déclarations et de scandales qui secouent le monde politique québécois, je vous propose un petit retour en arrière. Un retour qui nous permet encore une fois de jeter à bas cette fausse perception dans la société québécoise que nous sommes plus "propres" et plus intègres que les nos voisins anglos-saxons.

Le 31 décembre 1977, le PQ fit adopter la loi régissant le financement des partis politiques. Celle-ci allait révolutionner le paysage du financement politique québécois. Il faut se rappeler qu'elle entra en vigueur dans un contexte politique fort différent d'aujourd'hui. C'était l'émancipation francophone via le PQ et l'opposition au financement des riches anglophones au PLQ. La CECO datait de 4 ans et avait frappé l'imaginaire québécois. L'heure était à l'assainissement des moeurs politiques. Le dynamisme du parti québécois durant son premier mandat aura mis la table à plusieurs lois qui sont aujourd'hui fondamentales pour l'État québécois (LAU, LPTA, Loi 101).

Pour revenir à la loi sur le financement des partis politiques, celle-ci obligeait ceux-ci à dévoiler leurs états financiers. De plus, les contributions ne doivent désormais venir que d'individus et non de groupes intéressés. Depuis cette époque, le Québec est figé dans un coma idéaliste. Le Québec avait innové, ça suffisait. Personne ne tenterait de contourner cette loi et encore moins son esprit idéaliste. Pourtant, c'était bien mal connaître la machine politique et l'infrastructure qui la suit. Activités de financement contournant la loi, financement provenant d'individus qui servent d'intermédiaire entre ce que la loi appelle "groupes intérerssés" et ceux-ci. Cette loi, allègrement contournée par tous les partis politiques (y compris celui qui l'a érigé) est maintenant désuète. Il faut saluer le travail fait par La Presse (particulièrement Michèle Ouimet) et Radio-Canada dans tout le dossier. On ne peut accuser ces deux instances médiatiques de basse partisanerie envers le PLQ comme certains l'entendent souvent. L'administration Tremblay était pourrie jusqu'à la moelle, et particulièrement ses éléments asscociés au parti libéral. Aujourd'hui Gérald Tremblay le reconnait enfin. Frank Zampino, un homme dont il a défendu l'intégrité becs et ongles devant les médias le printemps dernier. Un homme que la ville de Montréal a honoré alors qu'il baigne dans la corruption la plus crasse qui ferait rougir de honte les pire gangsters de Chicago des années 1920. Benoit Labonté n'était certes pas désintéressé en déversant son fiel sur ces adversaires. Toutefois, il a eu le mérite d'énoncer une vérité qui est un secret de polichinelle : " Il y a un cancer généralisé en politique au Québec".

Tony Accurso, Bernard Trépanier et tous ces autres que nous ne connaisons pas les noms et qui tirent les ficelles du financement politiques viennent saper l'esprit de la loi de René Lévesque. La partis politiques en font autant. Ils sont aussi coupables que ces individus louches et bien branchés sur le monde politique.

Nous pensions innocemment après 1977 en avoir fini avec cette gangrène. Pendant des années, le Québec a regardé de haut ses voisins en condamnant ce qui se passait de "croche" dans le monde politique. Ce discours de la société ouverte, éthiquement plus responsable que les autres et politiquement transparente vient de prendre le bord. Le monde politique québécois est aussi infiltré que ses voisins par des éléments criminels prêts à tous les entourloupettes pour profiter des deniers publics.

Aujourd'hui j'ai mal. J'ai mal à ce Québec que j'aime mais qui ne cesse de me décevoir. J'ai mal à mon Québec, à ce qu'il est devenu. J'ai l'impression de revoir un ami d'enfance avec qui je jouais à la balle dans la cour d'école être devenu un toxicomane menteur et hypocrite qui vendrait sa mère pour une petite dose. En quelque sorte, c'est une innocence perdue...

3 commentaires:

  1. Tu écris ; Il faut saluer le travail fait par La Presse (particulièrement Michèle Ouimet) et Radio-Canada dans tout le dossier.

    Un travail qui arrive selon moi très, très tard. Ce système de financement occulte des partis politiques est généralisé depuis des décennies et ne vous y trompez pas TOUT LE MONDE EST AU COURANT.....

    Et pas besoin d'être au comité exécutif de la ville de Montréal pour le savoir. Quelques semaines dans les corridors d'un parti politique vous en apprendra tout autant. Comment expliquer ce silence qui dure depuis si longtemps.

    Pourtant, une première piste de soulition est simple et discuter souvent dans certains congrès politiques. Il faut une financement public totale des partis politiques. La loi sur le financement des partis politiques n'a fait que la moitié du travail. Oui, les partis sont financé par l'État, mais ils doivent encore récolter des centaines de milliers de dollars pour arriver à faire une campagne électorale digne de ce nom. Alors, où trouver tyout cet argent, évidemment dans la poche de ceux qui pourrait profiter d'un retour d'acsenceur. Ce n'est pas avec un diner spaghetti à 10$ que nos politiciens vont ce payer des pancartes électorales...

    Je suis surpris qu'il te restait encore de l'innocence à ton âge. Toutes ses révélations n'ont ton pas surpris j'espère?

    De plus , plusieurs stratagèmes de financements des partis n'ont toujours pas été révélés. On est encore loin du premier entracte, en fait nous n'avons pas encore terminer le premier chapitre. Malheureusement, avec le parti libéral au pouvoir et leurs amis, nous avons une très bonne idée de comment tout cela ce terminera.

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  2. @Anonyme

    Financement public total? Que d'effets encore plus pervers : d'abord, ça cristalliserait à jamais la carte politique actuelle du Québec : les gros partis actuels seraient institutionnalisés par le financepent public, étant les plus populaires à l'heure auctuel. Aucun parti ne pourrait émerger puisqu'il serait écrasé par le financement gouvernemental des partis déjà en place.

    Ensuite, on dépossède le droit des citoyens de disposer de leur argent selon leur vouloir. C'est un contrôle sur la liberté des gens de donner aux causes qui leur sont chères.

    Au lieu que le gouvernement paye les partis politiques, pourquoi ne pas au contraire permettre des donations illimitées, mais forcer les partis politiques à soumettre des rapports de dépenses beaucoup plus détaillés et qu'on abolisse les dons anonymes : tu peux donner ce que tu veux à la condition que soit rendu public ton nom et ton adresse et ce à travers un registre en ligne. Si on peut pincer des gens pour fraude fiscale, je suis persuadé qu'on serait en mesure de connaître jusqu'au dernier sou les entrées et sorties d'argent des partis politiques. Ce faisant, nous pourrions vérifier en tout temps qui a donné à qui et quel est la santé financière des partis.

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  3. C'est n'importe quoi...... Comment vouloir résoudre un problème en l'aggravant.

    Permettre des contributions illimitées, je n'en reviens pas. Si l'on veux cristalliser à jamais la carte électorale, voici la meilleur façon d'y parvenir.

    Le Parti Libéral pourra s'asseoir aux commandes de l'états pour le prochain siècle. Les personnes qui ,aujourd'hui , achètent 25 places à 1000$ dans un cocktail de financement ( Donation qui sont toutes inscrites dans les bilans financiers des partis politiques ) s'attendent déjà à avoir un retour d'ascenseur. Il est donc totalement irrationnel de penser que celui qui fera un chèque de 100 000$, lui le fera par grandeur d'âme...... En plus, il n'aura plus à ce forcer à trouver 25 personnes pour agir comme paravent.

    Tu as raison de dire que cela créera une difficultée supplémentaire pour l'émergence de nouveaux partis politiques. Mais cette difficultée est déjà bien réel et il faudra mettre en place un système pour atténuer ce problème.

    Pour ce qui est de dépossèder le droit des citoyens de disposer de leur argent selon leur vouloir. C'est un contrôle sur la liberté des gens de donner aux causes qui leur sont chères. Ne me faite pas pleurer. Sortir la corruption et le crime organiser de notre système démocratique est beaucoup plus important que de priver quelques bureaux d'avocats et d'ingénieurs de donner aux causes qui leur sont chères.

    Denier point, l'essentiel de l'emploi du temps des travailleurs d'élection ( bénévole, attachée politique, éxécutif locaux et nationaux ) est occupé par le financement de leurs formations politiques. En les libérant de ce fardeau, il aurait peut-être le temps de trouver une idée originale à défendre et d 'avoir une plateforme électorale qui est autres choses qu'un ramassi de généralité.

    Évidemment le problème est plus profond qu'une simple question de financement mais ce serait déjà un début.

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