lundi 15 février 2010

Ce que Pierre Falardeau aurait dit sur les jeux olympiques de Vancouver

Les jeux olympiques de Vancouver soulèvent la controverse présentement. Celle-ci tourne autour des cérémonies d'ouverture et de la place du français qui a été selon plusieurs, négligé. J'en entends parler partout autour de moi. Généralement on dit que les cérémonies étaient bien mais que la place du français dans un pays supposément bilingue a été quasi-absente. Le fait aussi que Wayne Gretzky, un joueur de hockey professionnel qui a gagné et gagne encore des milions de dollars grâce à ce sport allume la flamme dans une compétition qui est supposé représenter l'ultime rencontre mondiale du sport amateur. Aussi, Wayne Gretzky n'habite plus le Canada...il vit aux États-Unis par choix...Des amateurs dont beaucoup sont étudiants et qui peinent à joindre les deux bouts. Le fait qu'il débarque en pick-up comme un fermier de l'ouest canadien soulève aussi la question de l'image que ce pays a dégagé à la face du monde.

Aujourd'hui je n'ai pas envie de donner mon opinion sur ce sujet même si plusieurs s'en doutent et que je l'ai déjà exprimé dans un commentaire sur un autre blog. Non. Aujourd'hui j'ai décidé de faire parler mort. Quelqu'un pour qui j'ai le plus grand respect. Un mentor, un idole, un pamphlétaire du 19ième siècle perdu dans le bouillon du 21ième siècle. Un homme intègre, cru, direct mais tellement attachant. Depuis le 25 septembre 2009 je suis orphelin de cet icône mais aujourd'hui je le fais revivre par les mots. Je suis certain qu'il aurait quelque chose à dire sur ce sujet...je peux même m'avancer sur certaines de ces paroles. Évidemment, si cela offusque ou choque des membres de sa famille ou bien de ses amis je retirerai ce billet. Je tente donc ici de représenter fidèlement la pensée de la manière la plus intègre possible. Je tiens aussi à mentionner que ce texte ne représente pas nécessairement ma pensée ni les mots que j'emploie habituellement pour exprimer celle-ci. C'est plutôt un fantasme de lecture que j'avais à chaque fois que je lisais, écoutais ou voyais cet homme s'exprimer.

Voici donc ce qu'aurait dit Pierre Falardeau...

« Vraiment ? Vous êtes indignés !!! Après vous avoir agenouillé devant le queneda vous êtes allés vous roulez dans les slush pleine de marde de blocks pis la pluie plate de Vancouver. Vous êtes surpris qu'on vous ignore. Le queneda vous a ignoré combien de fois depuis votre naissance ? Depuis 1837-38 jusqu'au sous-fifre à Trudeau vous avez été ignoré. Pis quand on a vu votre bout de nez dépasser le haut de notre ceinture et qu'on a fait un petit effort pour vous quenedianiser, les autres provinces sont venus vous rabaisser pour que vous puissiez continuer votre basse besogne sous la ceinture. Parce que celle-ci vous a permis de vivre. Vivre étouffé, oublié, souillé...mais vivre. On dépense 85% de votre fête nationale au Québec (1ier juillet) pis vous vous offusquez pas plus que ça qu'ils ne sont même pas foutu de dire un couplet dans la langue de Molière à Vannecouver !!! Vous êtes donc vraiment pas tanné de mourir à petit feu.

Des jeux olympiques au queneda, vous pensiez quoi bande de zigotos !!! Qu'ils allaient engager un québécers pour faire plaisir. Ben non !!! Le Crocodile Dundee au service de sa majestuosité est venu faire un show pathétique en ayant un acrobate qui est capable de se commander un poutine à la Belle Province. Les autres tous des blocks de l'ouest du queneda. Ca prend ben les écouteux de la radio-égoût de Québec pour élire la sotte à Josée Verner pis penser que Maxime Bernier est un intellectuel. Vous le vouliez votre gouvernement de block ben vous l'avez sacrament !!! Même Denis Coderre commence à en avoir assez dans la face.

Ce pays impérialiste bafoue les droits des francophones depuis 1867. C'est seulement la suite logique des choses. De Riel au Inuits et Amérindiens qui regardent de leur taudis sur la Côte-Nord des cérémonies où on les fait passer pour des privilégiés...bullshit sacrament !!! Des faux indiens avec des plumes dans le cul pour la cérémonie d'ouverture...pensez-vous berner les autochtones ? Un peuple qui en est rendu à sniffer des canis d'essence parce qu'on les a crisser dans des réserves pis qu'on leur donne trois ou quatres nanannes pour faire chier les francophones du Québec. C'est ça le queneda. C'est un prime minister qui parle pas mieux français que Scott Gomez. Un ministre du patrimoine qui se câlisse ben du patrimoine justement. Dans le temps des libéraux au moins on essayait de nous vendre leur cochonnerie de culture quenedianne qui n'existe même pas alors que maintenant on s'en criss tout court. On ne pourra pas reprocher aux conservateurs de prêcher par excès de propagande. Ils n'ont même pas besoin. Le Québec dort, ses chefs dorment pis la populasse s'en schtroupfe en espérant ben plus savoir si le gros Ben de Zouf Story va fourrer la mère de son ex-zoufteuse Tiffanny. Ca c'est ce que vous avez, ce que vous méritez !!!

Les prochains jeux olympiques au queneda seront à Toronto. Ils seront unilingues anglophones pis les quebecers seront présentés dans le spectacle d'ouverture comme un petit peuple folklorique ayant vécu dans la vallée du St-Laurent il n'y a pas si longtemps. Une ceinture fléchée, une bouteille de caribou à la main et tout le tapons de préjugés qui viennent avec la méconnaissance d'une autre culture.
».


lundi 1 février 2010

« L’acadianisation tranquille »

Pour commencer l’année 2010 sur la blogosphère, quoi de mieux qu’un billet sur la langue française au Québec. Pour plusieurs c’est un débat futile, tabou. À chaque fois que je tente d’en parler dans mon entourage, sauf quelques exceptions près et ils se reconnaissent, je me fais dire de changer de sujet. Je me fais dire que je suis négatif et pisse-vinaigre.


Je vous le dit essayez cela : vous prenez une bière avec des amis dans un bar et parlez du troisième trio du Canadien, de la téléréalité, ou bien de la température extérieure tout le monde va vous regarder et acquiescer. Après une bonne gorgée vous donnant du courage lâchez cette boutade : « moi je pense que le français recule considérablement au Québec ! ». On va vous regardez comme si vous étiez venu d’une planète étrangère. Hein ! La langue française. Voyons, elle va bien la langue française. Le débat est clos et le tiroir linguistique est fermé depuis la loi 101. Ah bon. Pourtant, voici des faits qui prouvent le contraire. Ce billet portera en trois temps. D’abord une précision sur l’utilisation de la langue anglaise, ensuite un état des lieux au Québec à l’aide de statistiques et finalement un ensemble d’observations personnelles depuis quelques mois qui viennent renforcer mon propos. Aussi, je voudrais mentionner que ce texte ne s’adresse pas aux libertariens puisqu’ils voient la langue dans une logique de marché ce que je réfute ardemment. Le débat ici ne se déroulera donc pas en suivant ce prémisse théorique.


La langue anglaise est la langue des affaires, du commerce, la langue internationale quoi. C’est une langue riche qui fait vibrer une culture forte et diversifiée qu’est l’anglo-saxonne. Son apprentissage est non seulement nécessaire et sa connaissance forte utile qu’elle devrait impérativement être la plus largement diffusée comme langue seconde au Québec. Lorsque j’entends parler anglais autour de moi je ne fais pas de l’urticaire. Quand je me fais répondre dans cette langue dans un commerce oui. La survie du français ne passe pas par le combat de l’anglais mais par la défense du français. L’un n’empêche pas l’autre. Ce n’est pas non plus un texte qui parle des « anglais » ou des « anglos ». Ils sont fiers de leur langue et avec raison. La plupart des anglophones québécois parlent aussi le français et sont fiers de cette spécificité que leur permet le Québec en Amérique du Nord. Pourtant, l’utilisation accrue de la langue anglaise dans la sphère publique présente bel et bien une menace pour la survie de la langue française. Ces individus qui sont donc sur la scène publique se doivent par conséquent d’utiliser le français et d’en promouvoir une qualité supérieure.


Alors, je veux bien mon Phil mais tu nous présente seulement des impressions pour le moment. Vous ne vous rappelez pas du rapport de l’Office québécois de la langue française publié en mars 2008 ? Non. C’est normal. Les médias en ont parlé, mais le gouvernement Charest en a diminué l’importance. Quelques chroniqueurs dans Le Devoir ou bien l’infatigable Richard Martineau en ont parlé et ont lancé le cri d’alarme qui ressort de ce rapport. André Pratte et Alain Dubuc ont suivi la ligne éditoriale qui vise à diminuer l’importance de ce genre de cri d’alarme. Pourtant le chiffres sont éloquents…en voici quelqu’uns :

- En 2006 près de 4 Québécois sur 5 avaient le français comme langue maternelle. Toutefois, entre 1991 et 2006 le poids relatif de ce groupe a diminué et passait pour la première fois en 2006 sous la barre des 80% au Québec et 50% à Montréal.

- Depuis 1991, la population québécoise de langue française se régénère moins. En 2001, elle comptait environ 66 000 enfants âgés de 0 à 4 ans de moins qu’en 1996.


Pour consulter l’ensemble des données statistiques, suivez ce lien. Elles sont concluantes.


Mais pourquoi ai-je donc encore envie de soulever ce débat. Parce qu’autour de moi j’observe des manifestations de relâchement de la langue française. Au risque de déplaire à plusieurs qui vont se reconnaître. D’abord me faire appeler « Dude » m’horripile au plus au point. J’ai 28 ans pis j’ai arrêté la planche à roulette en 1995. Mon nom c’est Philippe et c’est pour cette raison que nos parents nous donnent un nom. Je ne rêve pas de m’appeler Steven ou Dave pour avoir un prénom à consonance anglaise. C’est quoi cette maudite maladie d’envier tout ce qui vient du monde anglo-saxon ? Connaître, admirer et respecter une autre culture ne veut pas dire obnubiler la sienne. « Wrap-Up ». Une autre expression à la mode qui m’écœure sincèrement. Emballage, regroupement ou rassemblement s’utilisent. « Chiller »…va falloir qu’un jour quelqu’un me donne la définition exact de ce terme. Le nombre prodigieux de statuts facebook en anglais écrits par des connaissances clairement francophones voir nationalistes. Je ne la comprends pas. Même chose sur MSN. Pourquoi donc ? Faudra m’expliquer. Je ne parle pas ici de ceux qui écrivent des citations ou bien des extraits musicaux. Je parle plutôt de ceux qui écrivent ce qu’ils font…en anglais. Vous pensez en anglais maintenant ??? Et cette obsession d’envoyer les enfants à l’école anglaise. On croirait entendre Elvis Gratton dans son célèbre monologue. Je n’y suis jamais allé, pas plus que beaucoup de gens bilingues que je connais.


Ensuite, connaissant la richesse de cette langue belle que nous possédons, je n’en peux plus d’entendre « en anglais on dit ». Rarement n’ai-je pas trouvé l’équivalent en discutant avec mon interlocuteur. Comme je suis un amateur de hockey, je suis les matchs du Canadien de Montréal sur le Réseau des Sports. Je suis assez vieux pour me souvenir des belles années de la Soirée du hockey à Radio-Canada et de la qualité du français qu’on y parle. Pierre Houde est ordinaire et Benoit Brunet a un vocabulaire francophone d’environ 43 mots. Pourtant il a toujours l’expression anglaise pour décrire une situation…ce que Gilles Tremblay, lui aussi un ancien joueur de la LNH ne faisait jamais. J’arbitre aussi au hockey sur glace. Je ne vous parlerai pas de la proportion phénoménale d’expressions anglaises associées à la pratique de ce sport mais plutôt d’une anecdote pleinement québécoise. L’équipe est composée de joueurs francophones…sauf un. Celui-ci est un anglophone du Québec et s’exprime à ses coéquipiers en français. Toutefois, tous les joueurs ont la soudaine manie de se communiquer en anglais afin que l’anglophone…qui comprend le français suive le cours des discussions. Étant parfaitement bilingue, je prend bonne note de la piètre qualité du contenu anglophone de cette équipe qui éprouve certaines difficultés au niveau de la cohésion de son jeu. Québécois vous avais-je dis…


Enfin, je termine en y allant d’une prédiction historique sur la survie du français au Québec. J’ai passé environ 1 an au total dans les 4 dernières années de ma vie au Nouveau-Brunswick. J’ai eu l’occasion de côtoyer plusieurs Acadiens de cette province et quelle n’a pas été ma surprise de constater que généralement, s’ils ont des enfants, ils ne parlent qu’en anglais. Entre eux c’est la même chose. En anglais. Durant la fête des Acadiens à Shediac, pourtant un bled francophone, les gens communiquaient entre eux en anglais. On m’avait parlé de la fierté de cette nation, de son désir de survie…je suis navré de dire que ma déception fut totale. Les jeunes ne s’intéressent pas à la culture acadienne et le français est davantage considéré comme un instrument de folklore que comme un outil de communication. Tiens donc…la Louisianne 50 ans avant. C’est mon opinion et mon impression. J’observe autour de moi, au Québec, l’embryon de ce phénomène et c’est pourquoi je le qualifie d’acadianisation tranquille