mardi 20 octobre 2009

La "personnalisation" du pouvoir


J'aime beaucoup Régis Labeaume.

Sincèrement. Il détonne du paysage politique québécois qui ressemble trop souvent à un désert aride. Les leaders trop souvent inodores, incolores et sans saveurs. Gérald Tremblay se voyait prendre une retraite tranquille du PLQ à la mairie de la métropole. Jean Charest, après un premier mandat houleux fait dans le "laisser-faire" sans vision afin d'éviter les controverses qui ont déjà contribué à rendre son parti au pouvoir le plus impopulaire de l'histoire du Québec. Pauline Marois, en arrivant au PQ en imposant la "sacoche et la mariée" n'a pas su mobiliser à nouveau ce parti malgré les embuches qui se multiplient chez le gouvernement Charest. Sa "sacoche" ne semble pas contenir autre chose que du beaume à lèvre et des pastilles sans envergures. Ce parti qui a déjà été celui des grandes idées, d'une vision d'avenir et d'un projet de société offre le triste spectacle du vide idéologique. Quand à l'ADQ, le départ de Mario Dumont et la dernière course à la chefferie qui fut un échec monumental à la face du Québec ont démontré que ce parti était celui d'un seul homme. La personnalité de Gilles Taillon n'est pas de nature à rehausser le niveau de leadership des chefs politiques québécois. Je m'abstiendrai de parler des chefs fédéraux bien que Gilles Duceppe présente des qualités de leaders indéniable.



Régis Labeaume détonne de ce paysage soporifique. Il est franc, direct et semble s'adresser directement aux citoyens...et non aux médias comme le font trop de chefs politiques. Il est rassembleur et son "timing" politique parfait. Le succès des fêtes du 400ième lui ont été en partie attribués et le dynamisme actuel de la ville de Québec lui revient en partie. Tellement de chroniqueur montréalais en ont amplement fait la démonstration depuis 1 an en comparant les deux grandes villes du Québec au détriment de la métropole. Il est devenu une attraction partout où il passe au Québec. Des amis montréalais souhaiteraient presque qu'il se présente à Montréal un jour. Ceci est une cause direct du manque de leadership politique ailleurs au Québec. Une bonne partie de la population de la Vieille Capitale s'associe volontier à "son maire", "son Régis". À Québec on en est fier. Le politicien de l'heure selon les médias montréalais est notre maire.

Ce déferlement d'amour et d'admiration a toutefois changé le maire. À force de se faire dire "mon maire", celui-ci parle maintenant de "mes citoyens", "ma ville". Il s'approprie des projets comme celui du nouvelle amphithéâtre au point d'en faire une élection référendaire le 1ier novembre prochain. Vous pouvez aussi prendre compte des proportions de subventions dans mon billet précédent. Régis Labeaume personnalise les fonctions exécutives et administratives de la ville de Québec. C'est une grave erreure. C'est le genre de comportement observable chez plusieurs politiciens dans des petites municipalités et même certains députés provinciaux ne savaient même pas la différence entre le législateur et l'administrateur (source travaillant sur la colline parlementaire depuis plus de 25 ans).

Le maire Labeaume agit de plus en plus comme si Québec et lui ne faisait qu'un. Il juge ses adversaires politiques pas assez sérieux pour un débat. Il fixe le seuil pour un taux de participation minimal afin d'approuver le nouvel amphithéâtre. D'ailleurs, dans ce dernier cas les conséquences politiques sont nulles. Ce sera la faute du provincial ou du fédéral en cas d'échec. Quel mépris de la démocratie. Les médias ont tellement véhiculé qu'il était seul en course qu'il décide maintenant qui est une opposition sérieuse, qui peut défier Monsieur le Maire.

En démocratie, toute opposition est saine. Les longs monopoles politiques favorisent un flou malsain entre les différentes fonctions associées à nos institutions : exécutif, législatif, administratif et enfin le judiciaire. Une surveillance est nécessaire et force les compromis et la coopération.

Présentement, à Québec, la possible centralisation excessive des pouvoirs entre les mains d'un seul homme démontre à quel point la personalisation du pouvoir peut être néfaste pour le débat public.

1 commentaire:

  1. beaume à lèvres...lapsus involontaire ou savant jeu de mots?!?

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