jeudi 15 octobre 2009

Langue et "parti ethnique"

Plusieurs de mes amis se demandent pourquoi il m'arrive souvent de critiquer Montréal depuis que j'ai quitté la métropole...une bonne parti de la réponse se trouve dans le reportage suivant de Radio-Canada. Celui-ci m'a complètement sidéré et ce pour deux raisons : les élus communiquent en anglais dès que le micro n'est plus à 30cm de leur bouche et l'existence d'un "parti ethnique"...

D'abord la question de la langue. Je connais beaucoup de mes amis de la blogosphère qui diront que le choix de la langue en est un individuel. Certes, j'approuve. Mais que les politiciens, recensements après recensements nous disent que le français est en santé à Montréal il n'y a qu'un pas qu'ils franchissent allègrement. Tout au long du reportage, lorsque les caméras ne faisaient que filmer, nous entendions le Maire Gérald Tremblay alias "je compte l'eau sans en être responsable" s'adresser à ses interlocuteurs en anglais. À chaque fois. Par contre, devant la caméra c'est en français que ça se passe. Étions-nous à Baie D'Urfé ou bien Kirkland ? Ou bien n'importe quelle autre bourgade anti-francophone du West Island ? Non. Le reportage se déroulait majoritairement dans des quartiers centraux supposés intégrer les nouveaux arrivants à la culture et la langue francophone. Ces statisticiens et politiciens qui, à chaque recensement jouent avec les chiffres (tout comme André Pratte) afin de nous faire croire que le français est en meilleur santé que jamais à Montréal. Pourtant, dans la pratique, l'équipe de Gérald Tremblay ne visite jamais un quartier sans en avertir les leaders des communautés culturels de sa présence. Et pourant, plus loins des caméras c'est en anglais que ça se passe. Et après on viendra dire que ces mêmes leaders ne souhaitent que l'intégration de leurs membres au sein de la communauté d'accueil majoritaire, les francophones.

En vérité, l'anglais est la langue d'usage, celle pour "se faire comprendre" et le français n'est qu'un accessoire qu'on brandit de temps à autre afin de calmer les possibles tensions linguistiques. Au fond, le français devient, à Montréal une langue de parure, celle qu'on utilise pour se donner bonne conscience. Ne voyez pas faux dans mes propos, je ne condamne pas ici les communautés culturelles qui ne souhaitent qu'une chose, s'intégrer dans leur communauté d'accueil. Je condamne ici plusieurs politiciens, dont beaucoup sont de fervents nationalistes qui, ayant peur de déplaire, évite de parler la langue d'ici, le français...

Le "parti ethnique" existe vraiment...oui oui ce n'est pas une blague le lien est plus haut. Ce parti a pour mandat de défendre les intérêts des immigrants. Par conséquent il affirme que les politiciens ne défendent pas les intérêts des immigrants et donc qu'ils sont considérés comme des citoyens de second ordre. Réglons immédiatement une chose avant qu'une pluie de menaces et d'insultes ne pleuvent ici. Je suis favorable à l'immigration et je considère leur apport à la société québécoise comme un signe d'ouverture et de dynamisme. Ils peuvent librement pratiquer leur religion et leurs croyances et jamais nous ne devrons brimer ces droits fondamentaux. Toutefois, lorsqu'ils deviennent citoyens de ce pays, ils doivent se conformer aux lois d'ici comme l'ensemble des autres citoyens. Ils le font dans la majorité des cas. Toutefois, les tensions entre les sociétés d'accueil et les nouveaux arrivants sont monnaie courante en Occident bien que le Québéc doit représenter un havre de paix social dans ce domaine.

Toutefois, la création d'un parti politique fondant son existence même sur un lien de naissance ou un pays d'appartenance va à l'encontre de cette éagalité citoyenne face à la loi. Ce parti affirme donc que les immigrants sont vicitimes de discrimination institutionnalisée et qu'ils sont donc considérés par les gouvernants actuels ou passés comme des citoyens de deuxième ordre. C'est inacceptable. Aucune discrimination fondée sur l'origine ethnique, la culture, la couleur ou l'appartenance religieuse ne peut être tolorée en démocratie. Avez-vous imaginé le tollé que souleverait un parti politique fondée sur l'ethnie "canadienne-française" ou "québécoise" ? Impensable. Encore une fois les Québécois dits "de souche" seraient accusés de racisme et de xénophobie. Mais comme nous vivons dans un royaume (oui nous sommes bel et bien dans un royaume) fondé sur la tolérance, nous acceptons collectivement se genre de comportement sans broncher. Pourtant, le Québec en entier a dénoncé il y a 3 ans les élans de xénophobie tenues dans la bourgade de Hérouxville. Pourquoi serait-ce différent maintenant ?

Chers amis montréalais, vous qui êtes citoyens d'une ville que j'ai profondément aimé et que j'aime encore...mais pas assez pour y retourner dans un avenir rapproché, que pouvez-vous me dire pour rehausser l'estime que j'ai pour cette ville ? Un lieu qui me semble de plus en plus étranger à mes valeurs, à ma langue. Un endroit qui tolère l'intolérable. Je suis maintenant citoyen de Québec depuis deux mois et cette ville devient de plus en plus celle où je me sens chez moi. Celle où je retrouve les valeurs qui animaient autrefois la société québécoise en entier : dynamisme, confiance en l'avenir, tolérance, acceptation de la différence, optimisme, cohésion sociale...

4 commentaires:

  1. http://www.cyberpresse.ca/actualites/200910/15/01-911780-collusion-dans-la-construction-manipulations-electorales.php

    Sérieusement j'espère que quelqu'un va me retenir bientôt...

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  2. N'encense pas trop vite Québec, tu es encore dans la phase «lune de miel». La cohésion sociale c'est facile quand nous sommes tous pareils ou presque. Même chose pour la tolérance. On aime bien se dire que notre ville est si belle, si fine, mais tout n'est pas toujours rose. Ne vas pas croire que je pisse sur Québec, j'aime bien ma ville d'adoption depuis 5 ans. Je crois seulement qu'il ne faut pas s'emballer trop vite. Parlant de s'emballer trop vite, la conférence de presse de Régis commence bientôt...!

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  3. Cher Philippe,

    Je suis bien d'accord avec toi sur ce point, le français est dans une situation délicate à Montréal.Néanmoins, quitter la métropole ne nous aide certainement pas plus à gérer la situation. De plus, ce n'est pas la municipalité de Montréal qui gère l'immigration et ses programmes d'acceuil et d'intégration. C'est bel et bien le gouvernement provincial, et les décisions politiques prises dans les bureaux à Québec. Plus le français sera prôné comme langue d'acceuil, moins les politiciens auront tendance à s'exprimer en anglais pour gagner des votes.

    En ce qui concerne le parti ethnique, je ne vois pas pourquoi tu donnes une tribune à un parti si marginal dont personne ne parle, sauf peut-être les médias en manque de controverse.

    C'est bien facile de Québec de dire que Montréal gère mal son bilinguisme et son immigration. L'histoire anglophone imprègne la métropole, qu'on le veuille ou non et l'immigration complete cette diversité qui enrichie Montréal. Il faut demeurer prudent, j'en conviens, mais c'est une question qui dépasse largement les compétences de la Ville et dont le soutient doit venir de Québec.

    Liane Morin

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  4. @ Liane

    Premièrement merci de me rappeler que les gouvernements supérieurs sont responsables de l'immigration je m'en souvenais. Contrairement à ce que tu dis ce n'est pas seulement le gouvernement provincial, mais c'est une compétence partagée avec le fédéral.

    Lorsque les politiciens s'exprime en anglais dans des quartiers réputés statistiquement francophone, ils ne font qu'accentuer la précéance de l'anglais. Autre erreure majeure dans ton commentaire vient du fait que tu fais allusion que je nie l'histoire anglophone de Montréal. Je ne faisais pas référence à l'ouest de l'Île justement, je faisais référence à des quartiers centraux.

    Je cherche aussi la citation où je dis que Montréal est en charge de son bilinguisme et de son immigration...je cherche encore. Tu interprètes mes propos de manière insidieuse.

    Enfin, accorder de l'importance à un tel parti provient de mon propre crus puisque contrairement à ce que tu affirmes, les médias n'en font pas leurs choux gras. Je le mentionne car les médias, justement accorde énormément à des partis ou groupes marginaux nationalistes extrémistes en affirmant qu'il s'agit de précédents dangereux. Je ne fais qu'utiliser ce médium ici pour diffuser mon désaccord avec le mandat de ce parti.

    Aussi, je cherche encore la citation où j'afffirme que l'immigration n'enrichie pas Montréal grâce à sa diversité...je cherche encore. Il est déplorable que tu m'attribus des propos ou des pensées que je ne tiens pas.

    Merci de contre-attaquer mes arguments, pas des sous-entendus...

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