
Afin de mettre en perspective l'avalanche de déclarations et de scandales qui secouent le monde politique québécois, je vous propose un petit retour en arrière. Un retour qui nous permet encore une fois de jeter à bas cette fausse perception dans la société québécoise que nous sommes plus "propres" et plus intègres que les nos voisins anglos-saxons.
Le 31 décembre 1977, le PQ fit adopter la loi régissant le financement des partis politiques. Celle-ci allait révolutionner le paysage du financement politique québécois. Il faut se rappeler qu'elle entra en vigueur dans un contexte politique fort différent d'aujourd'hui. C'était l'émancipation francophone via le PQ et l'opposition au financement des riches anglophones au PLQ. La CECO datait de 4 ans et avait frappé l'imaginaire québécois. L'heure était à l'assainissement des moeurs politiques. Le dynamisme du parti québécois durant son premier mandat aura mis la table à plusieurs lois qui sont aujourd'hui fondamentales pour l'État québécois (LAU, LPTA, Loi 101).
Pour revenir à la loi sur le financement des partis politiques, celle-ci obligeait ceux-ci à dévoiler leurs états financiers. De plus, les contributions ne doivent désormais venir que d'individus et non de groupes intéressés. Depuis cette époque, le Québec est figé dans un coma idéaliste. Le Québec avait innové, ça suffisait. Personne ne tenterait de contourner cette loi et encore moins son esprit idéaliste. Pourtant, c'était bien mal connaître la machine politique et l'infrastructure qui la suit. Activités de financement contournant la loi, financement provenant d'individus qui servent d'intermédiaire entre ce que la loi appelle "groupes intérerssés" et ceux-ci. Cette loi, allègrement contournée par tous les partis politiques (y compris celui qui l'a érigé) est maintenant désuète. Il faut saluer le travail fait par La Presse (particulièrement Michèle Ouimet) et Radio-Canada dans tout le dossier. On ne peut accuser ces deux instances médiatiques de basse partisanerie envers le PLQ comme certains l'entendent souvent. L'administration Tremblay était pourrie jusqu'à la moelle, et particulièrement ses éléments asscociés au parti libéral. Aujourd'hui Gérald Tremblay le reconnait enfin. Frank Zampino, un homme dont il a défendu l'intégrité becs et ongles devant les médias le printemps dernier. Un homme que la ville de Montréal a honoré alors qu'il baigne dans la corruption la plus crasse qui ferait rougir de honte les pire gangsters de Chicago des années 1920. Benoit Labonté n'était certes pas désintéressé en déversant son fiel sur ces adversaires. Toutefois, il a eu le mérite d'énoncer une vérité qui est un secret de polichinelle : " Il y a un cancer généralisé en politique au Québec".
Tony Accurso, Bernard Trépanier et tous ces autres que nous ne connaisons pas les noms et qui tirent les ficelles du financement politiques viennent saper l'esprit de la loi de René Lévesque. La partis politiques en font autant. Ils sont aussi coupables que ces individus louches et bien branchés sur le monde politique.
Nous pensions innocemment après 1977 en avoir fini avec cette gangrène. Pendant des années, le Québec a regardé de haut ses voisins en condamnant ce qui se passait de "croche" dans le monde politique. Ce discours de la société ouverte, éthiquement plus responsable que les autres et politiquement transparente vient de prendre le bord. Le monde politique québécois est aussi infiltré que ses voisins par des éléments criminels prêts à tous les entourloupettes pour profiter des deniers publics.
Aujourd'hui j'ai mal. J'ai mal à ce Québec que j'aime mais qui ne cesse de me décevoir. J'ai mal à mon Québec, à ce qu'il est devenu. J'ai l'impression de revoir un ami d'enfance avec qui je jouais à la balle dans la cour d'école être devenu un toxicomane menteur et hypocrite qui vendrait sa mère pour une petite dose. En quelque sorte, c'est une innocence perdue...